« Lead » : Le plan d’Airbus pour faire payer sa mauvaise gestion aux travailleurs
« Lead » : Le plan d’Airbus pour faire payer sa mauvaise gestion aux travailleurs
Début juillet, la direction d’Airbus a annoncé un plan d’austérité nommé « LEAD ». Alors que les carnets de commandes d’Airbus sont remplis, la direction justifie cette attaque par des difficultés de production qui sont, en grande partie, dues à ses choix stratégiques qui ont conduit aux suppressions massives d’emplois de la période Covid.
Un plan d’austérité qui marque un tournant sur les embauches
Le jeudi 11 juillet, Christian Scherer, directeur général d’Airbus Avions, a annoncé la mauvaise nouvelle aux travailleurs du géant aéronautique : un plan nommé « LEAD » va être appliqué dans les prochains mois. Si le syndicat FO Airbus le présente comme un « projet d’optimisation des coûts », c’est en réalité un plan d’austérité important qui se dessine pour les travailleurs d’Airbus.
La direction a annoncé un gel des embauches pour les cadres (principalement les ingénieurs) et une « adaptation du recrutement » concernant la production. Elle a aussi évoqué l’arrêt de « projets internes non critiques » et le transfert de salariés vers les activités essentielles. Les mesures seront précisées lors du prochain CSE (comité économique et social) en septembre, mais elles présagent déjà une attaque importante contre les travailleurs. Cette austérité cible principalement les embauches, mais pourrait également imposer des transferts forcés de salariés. « Ce n’est pas un plan social au sens classique du terme, mais les effectifs vont être regardés à la loupe, il y aura des transferts. Concrètement, ce n’est pas clair », déplore Patrice Thébault, coordinateur CGT Airbus, au journal Actu Toulouse.
Des difficultés de production en cause, mais qui sont les responsables ?
La direction d’Airbus justifie ces économies par la révision à la baisse de ses livraisons pour 2024. Le 24 juin, Airbus a annoncé qu’il n’arriverait à produire « seulement » 770 avions au lieu des 800 promis. Cette différence de 30 avions produits peut paraître anodine, mais pour la direction, c’est un élément central car l’entreprise gagne surtout de l’argent au moment de livrer l’avion.
« Ces annonces ont provoqué une chute de l’action Airbus, ce qui affole les dirigeants du groupe alors même que les indicateurs économiques sont en croissance et sans commune mesure avec Boeing », explique un communiqué syndical de la CGT Airbus. Cette pression à l’austérité est donc surtout le fait des actionnaires qui voient leurs perspectives de dividendes moins élevées que prévu.
Ce plan vise donc à maximiser les profits alors que la situation économique de l’entreprise est au beau fixe. Avec 3,8 milliards d’euros de bénéfices nets pour l’année 2023, soit le troisième profit le plus important de son histoire, après les 4,2 milliards d’euros dégagés en 2022, le géant aéronautique se porte bien. À cela s’ajoute un carnet de commande (8 600 avions fin 2023) qui n’a jamais été aussi rempli. La CGT Airbus dénonce « un plan injustifié et dangereux » affirmant que les « difficultés de production sont réelles mais provoquées par les décisions managériales ». Airbus produit 35 avions de plus qu’en 2023 et 110 de plus qu’en 2022, mais les objectifs ne sont pas atteints en raison de décisions passées, notamment la suppression de dizaines de milliers d’emplois en 2020.
Ce n’est pas aux travailleurs de payer
Ce sont les travailleurs d’Airbus qui subiront les conséquences du plan d’austérité « LEAD ». Le patronat de l’aéronautique a déjà montré son mépris pour ses salariés en supprimant des dizaines de milliers d’emplois lors de la crise du Covid. Malgré la reprise du secteur et les bénéfices records d’Airbus en 2022, les salaires réels des travailleurs ont baissé. La CGT Airbus note une « politique de gel du salaire moyen », avec le salaire moyen dans le groupe fin 2023 inférieur à celui de 2018, malgré une inflation à deux chiffres pendant cette période.
Face à cette situation, c’est par la mobilisation qu’il sera possible d’imposer le retrait du plan « LEAD » et d’améliorer les conditions de travail et les salaires. Les travailleurs de l’aéronautique n’ont pas à payer les conséquences de la casse sociale engendrée par le patronat de l’aéronautique ou la voracité des actionnaires. C’est au patronat et aux actionnaires, qui se gavent des profits records, de payer la facture.
Source : Revolutionpermanente